D’abord, il y a la fête des mères.
Ensuite, il y a la fête des pères.
Et la fête des enfants ?
Pourquoi ne célébrons-nous pas chaque année la fête des enfants ? C’est la tendre pensée qui me montait au coeur, l’autre soir, tandis que j’ouvrais machinalement le tiroir aux trésors où la mère de mes enfants et moi-même engrangeons jalousement les charmants cadeaux qu’année après année les petits anges confectionnent de leurs petites mains potelées, sous la tendre férule de la maîtresse d’école.
Il y avait là, pêle-mêle, sous mes yeux éblouis d’émotion paternelle, six colliers de nouilles, trois bracelets de haricots, huit vide-poches en pots de yaourt, harmonieusement enrobés de feutrine mauve et jaune, cinq boîtes à bijoux Caprice des Dieux, et trois magnifiques pieds de lampe de chez Préfontaines, consignés, certes, mais quand on aime, on ne compte pas.
Pourquoi ne célébrons-nous pas la fête des enfants ?
Pourquoi nous, et pas eux ?
Pourquoi les papas et les mamans de France, à leur tour, ne paieraient-ils pas de leur personne et n’exécuteraient-ils pas, de leurs propres mains, quelques présents, modestes et sans prétention bien sûr, mais qui s’avéreraient tellement plus précieux, au coeur de nos chers petits, que ces poupées toutes faites ou ces trains électriques sophistiqués et glacés que notre sécheresse de coeur nous pousse à leur jeter négligemment dans les bras après un baiser furtif ?
Ne saurons-nous donc jamais trouver le temps de nous pencher plus affectueusement sur ces fronts graciles au-dessus de ces grands yeux brûlants aux longs cils vibrants d’un amour incapable de s’épanouir au rythme infernal de nos ambitions carriéristes dont la tyrannie nous condamne à répondre distraitement " ta gueule " à l’enfant qui nous dit " maman, je m’ai faite violer " ?
C’est promis.
Je vais vous en donner, moi, mes chéris, des jolis cadeaux faits à la main.
Je vais vous en fabriquer, moi, des Schtroumpfs pas chers, avec deux boulettes de mie de pain et quatre allumettes pour les pattes. Je vais vous en structurer des vaisseaux spatiaux en cageots de patates, avec du papier cul pour la combinaison anti-Tchernobyl et une punaise retournée pour le Siège éjectable.
Je m’en vais vous en bidouiller, des vélocross sans selle, vraiment tapeculs, avec deux couvercles de bidons de dioxine pour les roues et un os de gigot pour le guidon.
Tiens. Je suis pas chien.
En prime, je composerai moi-même le petit compliment, et je vous le dirai moi-même au dessert, avec une révérence au début et une révérence à la fin.
Certes, je doute de pouvoir atteindre dans le lyrisme les sommets extatiques où votre mère et moi-même fumes emportés à l’écoute de la bouleversante déclamation octosyllabique de la dernière fête des mères, dont le texte, délicatement colorié façon la gerbe, enveloppe encore le joli cache-pot William-Saurin de la dernière fête des pères. C’était un fort beau texte. Je ne résiste pas au plaisir de vous en faire profiter.
La Merveille
Ma vie est un enchantement.
Quand je m’endors, quand je m’éveille,
Ou quand je joue, à tout moment,
Une fée douce me surveille.
Elle m’entoure de soins charmants
Cette merveille, c’est maman.